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En 1991, Archéologie Suisse fêtait le 700e anniversaire de la Confédération avec un numéro spécial consacré aux Helvètes. Redécouverts par les érudits de la Renaissance, ces habitants du Plateau à la fin de l’âge du Fer et à l’époque romaine étaient devenus, au début du 19e siècle, des candidats tout désignés pour symboliser l’unité de la Suisse. Il y a 175 ans cette année, en 1848, la constitution qui fonde la Suisse moderne conserve dans son nom latin, Confoederatio Helvetica, une trace de cette incarnation – jusqu’à ce que, quelques années plus tard, les Lacustres leur volent la vedette.

Les sources écrites antiques ne parlent toutefois pas d’Helvètes sur le Plateau avant la fin du 2e siècle, voire le début du 1er siècle av. J.-C. Et si l’archéologie peine à mettre en évidence une véritable culture matérielle helvète, les recherches récentes montrent toutefois des signes de changements à partir des années 80 av. J.-C. Si ces résultats se confirment, cela signifierait qu’à peine arrivés, les Helvètes pensaient déjà à repartir, un départ rapporté par César dans la Guerre des Gaules pour l’année 58 av. J.-C.

L’archéologie a souvent, malgré elle parfois, servi le récit national en renforçant des mythes. Charge à elle aujourd’hui de les déconstruire en montrant qu’aucun pays ne peut fonder son identité sur un peuple unique. Cette recherche des origines est vaine, car nous sommes toutes et tous le produit d’une succession de populations diverses, comme les couches d’un site archéologique qui se déposent les unes sur les autres au fil des siècles.

 

Lionel Pernet, président du comité d’Archéologie Suisse

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