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as. 2021.1 (épuisé)

Ce premier cahier de 2021 de la revue as. est presque entièrement dédié à la Préhistoire. Dans notre dossier, nous vous proposons de découvrir les résultats de l’étude toute récente du dolmen néolithique mis au jour en 2011 à Oberbipp, déjà évoqué dans notre édition 37.2014.3. À la fin de cet article, nous vous avions laissés sur de nombreuses questions quant à l’identité des défunts. Grâce à des analyses anthropologiques, l’étude menée ces dernières années a permis de rouvrir ce cold case et de clarifier l’âge, le sexe et, dans certains cas, les maladies et la cause de la mort des personnes enfouies dans cette sépulture collective mégalithique. Mais ce n’est pas tout: les scientifiques sont aujourd’hui en mesure de reconstruire les mouvements migratoires et les liens de parenté de ces individus, décédés il y a plus de 5000 ans!

Comme l’illustre notre deuxième article, la Préhistoire s’entrevoit aussi au travers des découvertes exceptionnelles d’objets en matériaux d’origine végétale, retrouvés en abondance dans les sites palafittiques suisses. Enfin, nous vous dévoilons une découverte extraordinaire du canton de Schwytz, où une équipe d’archéologues a mis au jour un exemple rare d’objet décoré en bois de cerf daté de l’époque mésolithique, il y a environ 12 000 ans. Bonne lecture !

Table des matières

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Focus

Dossier

Au moins 42 personnes ont été inhumées dans le dolmen d’Oberbipp, principalement entre 3350 et 2950 av. J.-C., trois d’entre elles plus récemment, entre 2900 et 2650 av. J.-C. Les défunts sont des hommes et des femmes de tous âges, issus vraisemblablement d’un même milieu social. L’agriculture était leur principale source de nourriture et ils étaient tous intolérants au lactose. D’un point de vue génétique, ces personnes sont issues d’un mélange entre des individus provenant des premières communautés de cultivateurs d’Anatolie et des groupes de chasseurs-cueilleurs locaux.
On peut envisager que les hommes ont grandi dans les environs d’Oberbipp. Il est possible de retracer jusqu’à trois générations: un grand-père qui a engendré deux demi-frères, qui ont eu chacun un fils. Leurs mères génétiques n’ont pas été retrouvées. La combinaison des données évoque une structure sociale patrilocale.
Ces personnes avaient une pigmentation de peau claire, pour la moitié d’entre elles on peut sup- poser des yeux clairs également. Certaines ont survécu à des maladies, ce qui implique une organisation sociale altruiste. Mais les maladies entraînent aussi des décès, dont un cas avéré d’infection au typhus.

artisanat préhistorique

Le travail du bois et des fibres végétales dans les habitats lacustres. Les villages établis en bordure des lacs occupent une place privilégiée dans les recherches préhistoriques européennes grâce à la conservation exceptionnelle, la richesse et la diversité des objets découverts. La préservation presque miraculeuse des matériaux organiques périssables, notamment du bois, permet d’appréhender de nombreux aspects de la vie quotidienne ainsi que les techniques de production en vigueur durant la Préhistoire récente.

Flözerbändli

Durant l’été 2020, une équipe d’archéologues s’est intéressée au lieu-dit «Flözerbändli», une falaise en surplomb dominant la rive droite de la Muota (Schwytz), à 740 m d’altitude. À cette occasion, ils ont découvert un niveau mésolithique qui recelait des charbons de bois datant de 9653 à 8301 av. J.-C., des outils de pierre dont une pointe de projectile en radiolarite, de même que des restes de faune. Ils ont notamment mis au jour un objet en bois de cervidé, orné de rangées de petites incisions (cupules) disposées à intervalles réguliers, daté de 10 519 à 10 028 av. J.-C. De tels artefacts sont très rares durant la phase finale du Paléolithique. Dans la commune de Muotathal, plusieurs gisements mésolithiques sont connus.